Le marché de l’art est en pleine mutation

La vente aux enchères n’échappe pas à la crise. La concurrence est rude et les prix des lots diminuent. Seul l’intérêt de l’art subsiste.

Si les grandes salles de vente anglaises s’en sortent souvent mieux que les autres, le secteur de la vente aux enchères subit également les affres de la crise.

«C’est compliqué pour tout le monde. Les prix ne sont plus les mêmes qu’avant et la concurrence est de plus en plus rude », constate Catherine Dessain, gérante de la salle Phoenix Auction à Wavre.

Si la commissaire-priseuse pointe du doigt les difficultés économiques, elle souligne aussi l’évolution de nos modes de vie. «L’habitat est de plus en plus petit et les Belges n’ont plus assez d’espace pour accueillir le grand mobilier qui trônait dans les anciennes maisons de maîtres. Et puis, les femmes aujourd’hui n’ont plus le temps de s’occuper de l’argenterie ou de cirer les meubles», note Catherine Dessain.

Un intérêt esthétique

Mais, malgré cette conjoncture compliquée, l’intérêt reste présent, selon la femme de 43 ans. « De nombreux passionnés conservent ce désir et ce besoin de se tourner vers des valeurs esthétiques, explique-t-elle. Et puis, la vente aux enchères se situe en plein dans l’esprit tendance aujourd’hui de l’écologie. L’objectif, en effet, est de redonner vie à un objet. » Catherine Dessain ajoute également qu’il est possible de faire de bonnes affaires dans les salles de vente car les prix restent souvent moins chers que chez l’antiquaire.

Le succès de l’art contemporain

« Le marché de l’art est en pleine mutation, les goûts changent , assure-t-elle. À l’heure actuelle, ce sont les tableaux de qualité, les bijoux et surtout l’art contemporain qui marchent le mieux. »

Un tableau moderne peut d’ailleurs se vendre beaucoup plus cher aujourd’hui qu’un ancien tableau. «Résultat, le prix proposé pour certaines pièces est parfois “ indécent ” . En tant que passionnée de l’art, je préfère alors les enlever de la vente plutôt que de les laisser partir à ce prix-là», assure la gérante de Phoenix Auction, qui dit devoir « vivre avec son temps ».

Un risque, dès lors, de voir se développer un désintérêt pour l’art ancien? «Non. Car aujourd’hui, il y a une véritable harmonie qui se crée entre l’ancien et le moderne. »

Le contexte actuel, c’est aussi l’arrivée de marchands étrangers et surtout chinois sur le marché belge. «Les prix peuvent s’envoler très vite avec eux car ils ont des critères spécifiques à leur culture que nous ne connaissons pas encore. Dès lors, il nous arrive parfois de sous-évaluer certains lots. » Ca.F.